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Philosophie : Ecrits sur l'Art, André Malraux

« Le génie grec sera mieux compris par l'opposition d'une statue grecque à une statue égyptienne ou asiatique que par la connaissance de cent statues grecques », déclarait André Malraux dès 1922.

Le jeune esthète visionnaire de 21 ans ne se doutait guère qu'il venait d'inventer une méthode d'« art comparé » qui scandalisa les spécialistes mais ouvrit pour jamais l'oeil des amateurs.

Dans le « Musée imaginaire » conçu par celui qui deviendra le premier ministre français de la Culture (1959-1969), plus question de la traditionnelle hiérarchie entre les arts. Pour lui, les peintures rupestres de Lascaux valent une toile de Goya. Une révolution. Malraux se réapproprie la culture du monde, tous siècles, toutes origines confondus. L'histoire de l'art - celle des formes « inventées » et non « héritées » - est chez lui moyen d'affronter le destin de l'homme et de l'en délivrer en un temps où les dieux se sont éloignés, où ne règne plus « l'éternel » mais « l'intemporel »... Il y a un souffle prophétique dans ce recueil d'essais aux titres légendaires - Les Voix du silence, La Métamorphose des dieux -, composés de 1922 à 1976, l'année même de la mort du romancier-démiurge.

Remarquablement édités, maquettés avec les photos qui accompagnaient les éditions originales (certaines introuvables aujourd'hui), ces deux tomes à l'écriture fracassante d'intelligence, aux formules fulgurantes - « l'art moderne ne relie plus l'homme à l'univers mais à une rupture de la conscience » - entraînent bien au-delà du royaume des formes. Dans le surnaturel, l'irréel : l'invisible du visible.

 

Ecrits sur l'Art, André Malraux , Ed. Gallimard, coll. La Pléiade, deux volumes, 1 580 p. et 1 850 p., 125 € jusqu'au 25 février 2005.

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